Mobilité enfantsVie associative

Premiers enseignements de l’enquête 2024 dans les écoles lyonnaises

1 200 réponses, et des tonnes de questions ! Pour la 3e année consécutive, la Maison du Vélo a mené une enquête parallèlement à l’organisation du défi « A l’école j’y vais à vélo ou en trottinette ».

Ce challenge mobilité s’est déroulé dans 40 écoles lyonnaises le 30 mai 2024, avec le soutien de la Ville de Lyon. 3400 élèves se sont rendus ce jour-là en engin roulant à leur école, avec dans certains établissements une mobilisation importante des équipes éducatives ou des parents d’élèves, et dans d’autres encore une véloparade le matin avant l’école.

En amont de la mobilisation, les parents des élèves participants étaient invités à répondre à une enquête. 1 200 d’entre eux ont eu la gentillesse et la patience de répondre à un questionnaire élaboré dans le cadre d’un projet de recherche. La Maison du Vélo était cette fois soutenue par la Boutique des Sciences participatives de Lyon 2, avec le financement du stage d’Adrian Petran, un doctorant en master 2 de sociologique. Matthieu Adam, chercheur au CNRS au laboratoire Environnement Ville Société (ENS de Lyon), a assuré la supervision scientifique de la démarche. La Ville de Lyon enfin a soutenu et diffusé largement l’enquête.

Ce projet de recherches a été nommé Bikids. Il vise à prolonger et approfondir les enquêtes précédentes menées par la Maison du Vélo (enquête 2022, enquête 2023). Leur objectif principal était de cerner les freins et leviers à la pratique du vélo chez les enfants. Avec Bikids, il s’agit d’observer plus particulièrement les inégalités d’accès au vélo, afin d’envisager des actions pour favoriser la pratique du plus grand nombre.

Le protocole d’enquête via des écoles donne des informations très riches, puisque les questionnaires sont diffusés auprès de l’ensemble des parents d’élèves, avec des formulaires papier pour faciliter le remplissage dans les établissements les plus populaires. On a ainsi des réponses aussi bien de familles qui utilisent énormément le vélo que d’autres beaucoup plus éloignées.

 

A ces données particulièrement intéressantes s'ajoutent cette année 1700 réponses de collégien·nes et 700 de parents d'élèves du secondaire. Elle seront étudiées tout au long de l'année 2024-2025, grâce notamment au recrutement en cours d'un ou d'une doctorant·e. Ce ou cette thésard·e pourra accompagner la Maison du Vélo dans le cadre d'une « mission doctorale d'expertise » financée par la Boutique des Sciences de Lyon 2. Quelques premiers enseignements intéressants se dégagent néanmoins pour les élèves du primaire !

1. Une autonomie des enfants toujours plus tardive

Pas d'autonomie à vélo sans autonomie piétonne avant ! C'est à pied, en draisienne ou en trottinette, qu'on apprend plusieurs choses importantes pour se déplacer seul·e. Comprendre l'organisation des rues et des chaussées, la signalisation horizontale (les passages piétons par ex.), savoir faire face à un imprévu, être capable de solliciter l'aide d'un·e adulte. D'après notre enquête, les élèves de CM2 qui se déplacent jamais ou rarement seul·es sont encore largement majoritaires. Cela, quelques mois avant l'entrée en 6e. 

Un élément important qui questionne l'éducation à la mobilité des enfants, au-delà même des enjeux d'accessibilité de la ville. Le défi y est étroitement lié, puisque par définition le vélo ou la trottinette ne peuvent être utilisés en donnant la main aux parents (sauf si on a un enfant acrobate). Ces engins roulants permettent donc de travailler, dès le plus jeune âge, l'autonomie des enfants et leur compréhension de l'espace public. 

 

2. Moins les parents possèdent de vélo, plus ils choisissent des vélos neufs pour leur enfant

On aurait tendance à croire que les familles les plus modestes se tournent plus facilement vers l'occasion. Ce n'est pas forcément le cas d'après les réponses que nous avons reçues. Plus les parents semblent éloignés de la pratique cycliste, moins ils acquièrent de vélos de seconde main pour leur enfants.

Un accès aux vélos à faible coût qui questionne d'autant plus que cette possession de vélo adulte est assez fortement corrélée au niveau social des parents (cf. ci-dessous). Cela pourrait souligner l'intérêt des ateliers vélo dans les quartiers, pour faciliter l'accès à des vélos d'occasion en toute confiance, avec un espace identifié, et des salarié·es et bénévoles connu·es pour aider à l'entretenir en cas de besoin.

La diversité des personnes répondantes permet de mieux comprendre le lien entre le rapport au vélo et le milieu social des parents (à travers l'indice de position sociale de chaque établissement, l'aisance financière déclarée ou encore le niveau d'études des parents...). Un rapport qui se perçoit notamment sur l'usage du vélo en mobilité. 

3. La mobilité vélo, une pratique encore socialement située chez les enfants comme chez les parents

A la différence d'autres pratiques cyclistes (balades, sport...), l'usage utilitaire du vélo est fortement corrélé au milieu social des familles. Si la pratique de voyage est marquée socialement au regard du niveau de diplômes, elle l'est moins que les déplacements en ville. Un élément qui souligne l'importance du Savoir rouler à vélo pour les enfants, ne serait-ce que pour l'expérience du déplacement utilitaire qu'ils n'auraient pas eu en famille.

 

 

4. L'envie déclarée de vélo, première motivation à l'achat d'une bicyclette pour son enfant !

Un dernier élément encourageant : dans les familles où les enfants n'ont pas de vélo, c'est leur souhait d'en avoir un qui est cité comme élément le plus déterminant. Et cela, chez les élèves de primaire comme de collège ! Il ne nous reste donc qu'à donner envie aux enfants et aux ados de pratiquer. Comme on dit souvent en animation dans les collèges, le vrai moteur du vélo, c'est le sourire !

5. Entre 15 et 20% des élèves qui entrent en élémentaire ne savent pas encore faire de vélo

 
Si les enfants maîtrisent l'équilibre à vélo de plus en plus tôt ces dernières décennies, notamment grâce au retour de la draisienne, une proportion non négligeable d'enfants ne sait pas pédaler à l'entrée du CP.  C'est pour répondre à cet enjeu que la Maison du Vélo a développé, avec le soutien de la Ville de Lyon, des stages « Premiers coups de pédale » , à destination des enfants de 6 ans et plus, au parc de la Tête d'Or. N'hésitez pas à passer le mot !
 

 
 

La démarche développée par la Maison du Vélo Lyon métropole depuis 3 ans et prolongée par Bikids a pu être présentée par notre stagiaire Adrian Petran, ainsi que quelques premiers résultats, à deux occasions. Lors des Rencontres Nationales du Management de la Mobilité, qui ont réuni les professionnels du secteur à Lyon mi-juin (Présentation RNMM). Fin juin, lors d'un colloque scientifique à Bruxelles, aux 6es Rencontres Francophones du Transport et de la Mobilité (Présentation RFTM).

Une restitution plus complète sera envoyée prochainement aux écoles participantes. Un temps de restitution et de discussion est prévu au printemps, tant pour évoquer la pratique du vélo chez les enfants et les familles, qu'autour des enjeux d'éducation à la mobilité. Pour être tenu au courant, vous pouvez d'ores et déjà remplir ce formulaire. Pour les collèges, une première présentation sera proposée lors de la 2e soirée « Le Vélo dans les collèges », que nous coorganisons avec la Métropole le 12 novembre. Informations et inscriptions sur le portail écocitoyen.

L'analyse des données continuera dans les prochains mois dans le cadre du projet Bikids qui continue d'associer Matthieu Adam, la Maison du Vélo et la Boutique des Sciences de Lyon 2. Nous ne manquerons pas de les communiquer ici !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Facebook
Twitter
LinkedIn
Instagram
YouTube